[Extrait du Sermon sur la montagne]
Jésus avait vécu trente ans de sa vie normale de tout homme, perdu dans un petit hameau de Galilée, avec sa mère, au milieu de sa parenté qui semble avoir été assez nombreuse.
Abandonnant un jour sa petite habitation de Nazareth, Il était descendu sur les bords du Jourdain rejoindre Jean le Baptiseur. Il voulait le consacrer et se faire consacrer par lui, se mettant ainsi nettement dans la ligne des Prophètes, de ceux qui ignorent les castes et veulent se rattacher directement à Dieu.
Illustration par Greg K. Olsen
En face de lui déjà, les Hassidim (dévots, pratiquants de profession, possédants de la religion) que le peuple appelait les Pharisiens, montraient leur mauvaise humeur et cherchaient à le mettre en posture de révolté prétentieux. Jésus rejoint Jean et non les Pharisiens. Après le baptême par Jean, Il va dans le désert, se mesurer avec Satan, l’ennemi de l’homme, le Révolté.
Après quoi, il quitte Jean, accompagné de deux disciples de celui-ci. Il les conduit aux noces de Cana.
Il monte à Jérusalem, se pose en réformateur au Temple. Il parle d’autorité, commande aux démons, guérit les malades, prêche à la foule, sans faire attention aux privilégiées de la fortune ou de l’intelligence, marquant ainsi sa volonté de Rédempteur de l’homme comme tel et non pas de tels ou tels favoris de l’hérédité, ou de la culture. Il fréquente les « pécheurs », les mal famés, ceux qu’on méprise.
Il dérange les habitudes de penser, de voir, de faire, des « gens établis » qui ont fini par faire de la religion leur affaire, une affaire combien compliquée ! Jésus renverse tout : l’homme devient le centre et le but de la religion, la Loi est faite pour l’homme, non l’homme pour la loi.
Jésus vient en libérateur pour sauver l’homme de toutes ces prisons auxquelles on donne des noms parfois pieux et bien sonnants, mais qui n’en sont pas moins des prisons : formalisme, égoïsme charnel ou spirituel, étroitesse, peur qui replie sur soi et incarcère des coeurs faits pour l’infini. On le traitait de « révolutionnaire », de « blasphémateur ».
Mais avant de parler aux hommes, jésus parle à son Père. Avant de donner Il reçoit. Souvent, Il passera la nuit en prière. Le matin, avant le jour, Il se retire dans des lieux solitaires pour parler à son Père.
Avant de parler, Jésus fait encore un geste gros de conséquences. Il choisit, parmi les nombreux disciples qui vont et viennent autour de Lui, douze jeunes ; des décidés dont Il a résolu de faire les colonnes de la maison qu’Il va construire en remplacement de l’Israël ancien.

Illustration de Ray Downing
Avec eux, Il réalisera le dessin du Père, la construction de l’édifice humain, de la Cité humano-divine, de la Famille dont Il est le Premier-né, son Eglise, dont Pierre est le rocher fondamental.
Son Eglise n’est pas une religion, un parti, une boutique, mais le rendez-vous de toutes les âmes de bonne volonté, le groupe des volontaires de l’amour, de ceux qui travaillent pour le monde. Avec eux Il descend vers la foule de juifs et de païens qui le cherchent. Il parlera « sur un terrai plat », comme Moïse avait rejoint Dieu sur une montagne isolée et sauvage : le Sinaï où Dieu l’attirait à Lui.
Peinture par Brian Jekel
P. Monier