Morale positive

Extrait de Jésus Christ tel qu’il est, 1989

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Si vous avez une conception de Dieu, du monde et de l’homme comme étant des choses toutes faites, qui ne bougent plus, immuables par destination et par nature, alors vous êtes perdu.
Vous arrêtez la vie, vous arrêtez votre pensée, vous arrêtez votre amour. Votre vie est faussée et plus rien n’a de sens.

Si pour vous, Dieu est un être immobile, entouré d’anges et assis sur un fauteuil avec une boule à la main… alors, ne parlons plus, ce n’est pas la peine, vous êtes dans la bêtise. L’homme, le monde avec ses lois, tout pour vous sera incompréhensible. Vous ne comprendrez rien ni aux tremblements de terre, ni aux fleuves, ni à la faim ni à la soif, ni à la faim, ni à la misère, ni aux défauts, ni aux qualités, ni à rien.

Mais Dieu, c’est la Vie!

Non pas la vie en conserve, mais la vie éternellement, continuellement vivante… L’homme est un vivant qui commence, grandit et lorsqu’il s’achève lâche les membres qui lui ont servi pour sa croissance terrestre, les lâche par la mue, comme pour les insectes et ensuite s’envole dans un monde que je ne puis pas voir, pas plus que le ver de terre ne peut voir le monde de la libellule ou du papillon. Ainsi est la loi de la vie…

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Ma vérité, comme celle de tout être humain, c’est que je suis un vivant. Personnellement, je suis à la fin de la vie terrestre, c’est entendu, mais je vis. Je continue à penser, à aimer et à regarder en avant… Et quand j’aurai lâché ces organes dont je n’aurai plus besoin, je partirai dans un autre domaine, comme le dit Dante dans sa « Divine comédie », dans le domaine de la Lumière qui me conduira par la beauté dans le domaine de l’amour total, complet, sans limite. Ce sera le ciel.

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Vous ne pouvez songer à une autre morale qu’à une morale d’Amour. Actuellement, tous les jeunes, pas seulement en France, mais en Allemagne, en Amérique et partout ailleurs, refusent la morale traditionnelle basée trop souvent sur des tabous. Les jeunes veulent vivre. Il sentent la vie bouillir en eux.
– Donnez-nous une morale qui respecte notre vie et non pas qui l’éteigne, ni qui la refoule, ni qui la tue, ni qui la renie.
Alors, faut-il faire? Il faut savoir se conduire. Il s’agit de vivre.

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Dans le christianisme, y a-t-il une morale?

La vraie moral chrétienne n’est pas la moral « négative » qui s’est malheureusement perpétuée pendant des siècles : cette morale qui consistait essentiellement à « ne pas faire ».

Saint Paul, dans l’épître aux Colossiens disait : « Que veulent dire toutes ces inventions : Ne mange pas, ne vois, pas, ne cours pas… L’orgueil est à la base de tout cela. »
En 1900, beaucoup de braves chrétiens venaient se confesser à Pâques.
– Je n’ai ni tué, ni volé !
– Bravo! Pourquoi venez-vous vous confesser alors?
– Mais chaise non plus n’a tué ni volé personne…
C’était la morale négative, contraire à toutes les vertus puisqu’elle était négative. Tout le monde en a souffert, mais surtout les religieux et les religieuses. Laissez donc définitivement de côté vos morales négatives. La négation, c’est le diable.

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La morale chrétienne est-elle une moral « absolue »? Evidemment non!
Ce qui vaut pour l’enfant de 4 ans, ne vaut pas forcément pour le vieillard de 95 ans, pour l’adulte de 40 ans, pour la femme, pour l’homme… Il y a des nuances ! Un morale absolue pour tout le monde c’est ridicule!

Je vous citais le cas de cette religieuse de Saint-Vincent de Paul que sa supérieure réprimanda :
– Vous n’êtes pas venu à table en même temps que les autres et vous n’avez pas assisté à la récréation. Pourtant, vous savez que la règle est nette sur ce point.
– Oui, je sais. Mais au-dessus de cette règle, il y en a une autre : Jésus-Christ a dit qu’il fallait aimer son prochain comme soi-même. Je suis restée au dispensaire soigner quelqu’un au risque de ne pas déjeuner. La règle de Jésus-Christ, ma Mère, est supérieure à la vôtre.
Alors, dénonciation à la supérieure générale, dénonciation à l’aumônier. La première à dit à la religieuse : Je pensais à vous pour faire une supérieure. Mais je vois que vous ne pourriez pas garder les saintes règles !
Quant à l’aumônier, il a eu un culte pour la religieuse à partir de ce moment-là.

Une morale absolue n’a pas de sens. Tout dépend des circonstances.

J’ai manqué la messe dimanche dernier, et exprès. Des jeunes étudiants et étudiantes étaient venus me voir ainsi qu’un Père dominicain. J’ai compris que ces jeunes-là ne voulaient pas de la messe. Certainement, ils partiraient. Une des fille m’avait dit auparavant :
– J’irais volontiers à votre messe, mais cela me rappellerait trop celles où je suis allée de force pendant 20 ans !
Alors je n’en ai pas parlé. Le Père dominicain non plus. Le lendemain, il m’a confié :
– J’ai été content hier. Je pensais comme vous pour la messe, mais je n’aurais pas osé m’abstenir.

La liberté ne consiste pas à faire n’importe quoi mais à bien faire les choses, et à tenir compte de la hiérarchie des valeurs.

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Il s’agit de faire une moral positive pour les hommes et non pas « contre » eux.

Le point de vue de Jésus-Christ est très net :
– Je ne veux pas que l’homme soit fait pour observer la loi. La loi est faite pour le bien de l’homme. Si elle fait son mal, il faut la changer.

PM

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