Bienheureux les pauvres… (explications suite du Sermon)

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Bienheureux les pauvres par l’esprit car le royaume des cieux est à eux

Notre Seigneur ne béatifie pas nommément les pauvres d’argent. Des riches peuvent être conscients de leur besoin et de leur pauvreté, comme des pauvres peuvent avoir le coeur plein de désirs, et attaché aux richesses qu’ils n’ont pas, ou même ne sentir aucun besoin dépassant cette terre. Cependant la possession rend plus difficile la pauvreté vraie.

Quoi qu’il possède, l’homme reste toujours l’homme, une créature, une « capacité » de Dieu, de l’être, de la lumière, de la vie. Son bien est d’abord hors de lui : il vaut ce qu’il est capable de recevoir. S’il nie son besoin congénital, s’il dit être riche, voir clair, n’avoir besoin de rien, il sera négligé par Dieu (Apocalypse, 3, 17).

La première Béatitude, celle que les autres reprendront en l’appelant peine, douceur, pureté, miséricorde, pacificité…, pourrait s’appeler : la béatitude des mains vides.

Devant Dieu, il faut toujours avoir les mains vides. Laissons-Lui le soin de compter nos mérites, si nous en avons. En couronnant ces mérites, Il couronne ses dons. Et s’Il vous ôte un « avantage », c’est pour vous donner mieux. N’ayons d’autre souci que de Le remercie, de demander pardon et de Lui dire : oui, pour tout ce qu’Il veut faire en nous et par nous.

La satiété est une misère en qui n’est pas achevé. Brisé de satiété, j’implore ! s’écrie Montherlant. O mon Dieu, dit un mystique musulman qui a compris Dieu [probablement Hallaj], mon argument que j’invoque, c’est mon besoin ; mon équipement, c’est mon dénuement ; ma voie d’accès auprès de toi, c’est ta grâce envers moi, mon intercesseur auprès de toi, c’est ton bienfait à mon égard.

Gardons toujours en nous la place de Dieu, toute la place. Donnons-Lui des cœurs et des intelligences à remplir, et que nous puissions prier : « Je vous possède enfin, puisque Vous me manquez… »

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Bienheureux qui est dans la peine, il sera consolé

La seconde Béatitude est celle des peines.

Malheur à vous qui riez maintenant, vous pleurerez et souffrirez! (Lc 6, 25). C’est-à-dire : Malheureux qui trouve la suffisance sur terre, qui ne sent pas le manque, qui ne souffre pas de son insuffisance, qui se cache sa misère. Malheureux qui est satisfait de ce monde, de ses joies terrestres, de sa science, de son amour, et cherche à éteindre en lui le désir et la faim, la souci et la peine ! Il faut demeurer vulnérable.

Nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert, car souffrir c’est être et se sentir faible sous un poids trop lourd. La maladie, la vieillesse, l’esprit d’enfance rapprochent de Dieu ; c’est une disposition du cœur qui nous rend humbles et doux, petits entre Ses mains, conscients de notre faiblesse et confiants jusqu’à l’audace en Sa bonté de Père. La souffrance est action divine, activité sensible de la vie dans le vivant. La conscience blessée se concentre. La douleur, la mort brisent les portes…

Cependant, qui sent sont malaise congénital de s’y doit pas complaire, il faut avoir une humilité confiante. Judas, qui se replia sur son péché, se perdit. L’enfant Prodigue revient à son Père et son Père l’embrasse et le fête.

 

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