Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
Nous ne sommes pas des enfants pauvres qui viennent simplement demander leur pain.
Nous avons offensé Dieu (…) : nous doutons de sa parole. Notre manque de reconnaissance L’offense. Nous ne cessons d’être préoccupés de nous-mêmes et de tout faire tourner autour de notre personne : notre égoïsme L’offense. Nous nous croyons nos maîtres, nous cherchons en nous la source de notre vie et nous nous fabriquons nous-mêmes une justice : notre orgueil L’offense. Nous n’arrêtons pas de juger et de condamner les hommes au gré de nos passions : notre manque de miséricorde L’offense.
Un chrétien n’est pas l’homme qui n’offense plus son Seigneur, mais celui qui vit dans la repentance, c’est-à-dire en souffrant profondément des offenses qu’il est impuissant à ne pas renouveler tous les jours.
Mais voici que Dieu Lui-même met dans notre bouche ce pardon à Lui demander. Il nous attire vers Lui comme un père attire son enfant sur ses genoux et dit : « Demande-moi pardon ». (…) Demande-Moi ce pardon qui est tout préparé dans mon coeur et que je te prie seulement de me demander en toute sincérité.

C’est parce que sur la Croix, Dieu est venu faire sienne toute la douleur du monde, toute l’horreur de la vie et de la mort, parce qu’Il est venu en son Fils s’exposer Lui-même à toutes les offenses de l’humanité, c’est à cause de cela qu’Il peut tout effacer, tout oublier, tout pardonner.
Le sang de l’Agneau est répandu pour la rémission des péchés, pour le pardon des offenses. Toutes nos offenses et tout notre pardon sont dans cette coupe de la Nouvelle Alliance qui circule autour de la Table Sainte où le Seigneur se révèle à nous pour jamais, comme Celui que nous avons offensé mortellement et qui nous a pardonné et réconciliés.
La question n’est pas : « Est-ce que j’ai assez pardonné pour que Dieu me pardonne? » mais « Est-ce que je sais que le pardon que je demande à Dieu, c’est celui que mon prochain attend de moi? » Si donc je ne pardonne pas à mon frère, si je garde ma rancune sur le cœur, si je persiste à lui en vouloir pour ses offenses, je ne puis demander sérieusement pardon à Dieu.
Je ne crois pas au pardon que j’implore si déjà ce pardon n’a pas enlevé de mon cœur la haine et la rancune. Il faudra bien, après cette accumulation d’offenses et de blessures qui remplissent le monde, que la vie des peuples se déroule sous le signe du pardon.
Père, votre « justice » n’est pas comme la nôtre ; nous payons ou faisons payer, Vous donnez, Vous, selon les besoins… Nous voudrions être à votre ressemblance jusqu’au pardon.
P. Monier