Dieu est amour – la méthode du P.M

J’étais à Alger.

Une étudiante me dit : « Père, venez voir une de nos amies qui va mourir…

– Une étudiante?
– Vous ne la connaissez pas.
– Alors ça ne me regarde pas, allez voir son curé !
– Mais elle ne veut pas voir les prêtres, elle ne veut pas entendre parler de religion.
– Non… puisqu’elle ne veut pas voir les prêtres, laissez-la tranquille. Je prierai pour elle.
– Non, Père. On lui a dit que vous viendriez, vous, elle vous accepte.

J’arrive là bas : « Mademoiselle vous m’excuserez, ce sont vos amies qui m’ont obligé à venir vous voir. Je ne veux pas vous fatiguer. » Je regarde au mur d’en face : un tableau. « C’est vous qui avez fait ce tableau? – Oui. – Vous avez le sens des couleurs, je vous fais mes compliments. » Je vois un piano : « Votre amie m’a dit que vous étiez très musicienne aussi? – Oui. J’avais tout pour réussir mais je suis paralysée depuis trois mois. Dans deux jours je vais mourir, je le sais. Je viens du grand tout, je vais retomber dans le grand tout, je pourrirai comme les arbres… » Je lui dis : « Si je n’étais pas chrétien je signerais cela des deux mains, mais comme chrétien permettez-moi de vous dire, comme Jésus-Christ vous dirait…

En descendant à Gethsémani pour y souffrir… :
« Je suis la Vigne et vous en êtes les branches. Le vigneron c’est le Père, et quand il voit qu’une branche est plus forte, plus belle, il la taille, il l’émonde. C’est pour qu’elle produise un fruit meilleur« 

« Si c’était votre cas ma petite? C’est vous, cette belle branche… »

Elle me regarde : « Mais où avez-vous pris cela? » Je tire mon Évangile : « Chapitre XV de Saint Jean. Vous vous ferez lire cela par votre amie, je ne veux pas vous fatiguer davantage. Au revoir ! » et je m’en vais.

Le lendemain matin, la première chose à laquelle je pense c’est à cette pauvre enfant. Aller la voir ça va l’ennuyer, il ne vaut mieux pas. J’avais trouvé toutes sortes de raisons pour ne pas aller la voir. Je passe à la chapelle et je dis à Notre-Seigneur : « Après tout, c’est vous le patron, le responsable, il faudra vous en occuper directement puisqu’elle ne veut pas voir les prêtres. » Puis je reste là. Tout à coup, j’ai l’impression qu’il me dit : « Si tu me portais là-bas? Elle est baptisée après tout! »

J’ai ouvert le tabernacle, j’ai pris la lunule, j’ai enlevé la grande hostie et j’en ai mis une petite à la place ; puis j’ai mis la lunule dans ma poche.

J’ai fait de longs détours, je n’étais pas pressé d’arriver, me demandant comment je serai reçu.

J’arrive. « Ho ! que j’avais peur que vous ne veniez pas ! me dit-elle. Comment se fait-il que le Bon Dieu m’ai tant aimée?

– Moi je n’en sais rien, mais c’est sûr ! Elle joint les mains : – Mon Dieu, mon Père, je vous remercie de m’avoir tant aimée. Puis :
– Qu’est-ce qu’il faut faire?
– Avec moi rien. Tenez, je vous ai apporté une hostie, prenez-la.
– Comment vous voulez me faire communier?
– Pourquoi pas? Vous êtes baptisée.
– Mais le faire comme ça, sans confession?
– Vous confesser, ma pauvre petite. Vous ne savez pas le faire.
– Non, je ne le sais pas.
– Dites-moi ce qui vous gêne dans votre vie et je vous dirai ce qu’il en est. »

Elle me dit ce qui la gêne.

– He bien, je vais vous donner ce qu’on appelle l’absolution. Je vous la donne et maintenant vous n’avez plus rien à craindre. Le voilà, arrangez-vous avec Lui! »

Deux jours après je vois sa maman : « Elle est morte, mais j’ai de la peine à la pleurer. Elle disait sans cesse : Mon Dieu, mon Père je vous remercie de m’avoir tant aimée. Maman, je vais vers le Père du ciel… »

Bread-13

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La leçon ? Il n’y a qu’une explication de la souffrance humaine, c’est l’amour.

Si je sens que Dieu m’aime, alors je reste entre ses bras et je lui dis : « Faites de moi ce que vous voudrez, faites-moi une opération vous êtes mon Père. J’en ai peut-être besoin, vous savez mieux que moi… Vous êtes mon Père, j’accepte, j’accepte… »

La souffrance c’est le huitième sacrement. C’est la main de Dieu qui directement op!re et qui fait son travail. On peut se plaindre comme un enfant qui se plaint même si c’est son père qui est le chirurgien. Il n’aime pas sa souffrance mais il se laisse faire, car il est sûr que ça aboutit.

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