[Extrait Sermon sur la Montagne]
Dieu veut passer en tout ce terrain desséché qu’est l’espèce humaine. Il lui faut des canaux qui, en contact habituel, continuel, avec Lui, communiquent au sol aride cette eau vive, qui demande à couler, eau de source, fleuve d’eau vive (Jn, 4, 14).
Comme le Père se donne à moi, je me donne à vous, donnez-vous ! Comme le Père m’envoie, je vous envoie.
C’est vous… Jean n’était pas la Lumière, Jésus est la Lumière. Les siens seront, en son nom, sel et lumière, comme la branche porte le fruit de l’arbre, comme le membre exécute le commandement de la tête. C’est vous qui êtes le sel, la lumière, le levain, le foyer.
Pour donner, il faut avoir ; pour se donner, il faut être riche, d’où la nécessité d’un contact habituel et étroit avec la Source. Je suis la vigne dont vous êtes les branches… Le Père sera glorifié si vous donnez beaucoup de fruits. Sans moi vous ne pouvez rien, Demeurez en moi. (Jn 15, 5)

Le Baptême donne ce contact enrichissant. En nous greffant sur l’humanité de Jésus, il nous fait communier à la vie divine. L’Esprit de la Confirmation et le pain eucharistique chargent le disciple du Christ et lui donnent d’être « bonne odeur du Christ », lumière du monde, sel pour la terre… Il reste que le chrétien doit avoir l’intelligence et le cœur en contact habituel avec la lumière dans l’Écriture, dans le monde (Jean).
Rien ne peut nourrir les autres, s’il n’est humanisé. Dieu, Lui-même, pour nourrir l’homme, se fait homme. A fortiori, ce qui est inférieur à l’homme ne peut-il nourrir l’homme s’il n’est monté à l’humain. Or, l’avoir n’est pas encore humain. Une attention, une délicatesse de « pauvre » fait plus de bien au cœur qu’une large aumône de « riche ». Seul l’humain est adapté à l’homme ; le sourire qui prouve que l’on se comprend, un geste venant du cœur, un regard, une poignée de main, un service demandé sont bien plus que l’aumône. L’amour est contact, échange, communion ; la conviction, la sympathie font plus que le beau langage.