[Extrait de la biographie du Père, p.158]
Souffrance, travail de l’amour et de la vie
C’est aussi dans cette évocation de la Rédemption par le Christ que Monier évoquera le sens de la souffrance. Il savait de quoi il parlait, ayant enduré sans se plaindre, et sans le dire, de grandes infirmités physiques, des tortures morales et spirituelles, le regard des autres posé sur lui sans savoir ce qu’il portait en son cœur ; la solitude de l’orphelin qui avait fait de lui un écorché vif. S’ajoutait pour lui la peine de voir ses contemporains refuser l’amour de Dieu. Je souffre au maximum devant les âmes qui ne se donnent pas, autrement dit, qui ne s’aiment pas et qui sont en garde contre le don de soi.
[…]
Son enseignement sur ce thème n’est donc pas un discours intellectuel sur la souffrance, mais un témoignage. Sans occulter, chez lui et chez les autres, ce qu’elle peut avoir de pénible et parfois de crucifiant, il la considère comme un mal nécessaire et, prenant une comparaison tirée de l’Écriture : La souffrance, c’est Dieu qui pétrit à deux mains. Il pétrit la volonté, l’intelligence, il purifie. Se perdre, renoncer, se renier, échouer, c’est la nécessité absolue de mourir pour vivre… La souffrance est le travail de l’Amour et de la Vie. L’expérience prouve que sans effort, on ne vit plus, on s’ennuie ! La souffrance continuelle est un élément de bonheur… La souffrance arrivée à son sommet, donne naissance à la joie… Elle est un effort vital.

Il faut reconnaître que ceux qui ont approché le père Monier étaient étonnées, soupçonnant bien derrière son apparence fragile un peu de la souffrance qui l’habitait toute sa vie. Et pourtant il rayonnait de joie, regardant toujours le côté positif des choses : le chemin de croix était chemin de vie.