[Extrait des Notes glanées au fil des jours, ed. 2000]
17 octobre 1955
Je ne veux pas prêter au Père du ciel, à Jésus, ma manière de voir. Je veux plutôt me faire à la leur. Après le péché, Dieu ne détourne pas son regard de l’homme. Il le laisse libre, mais reste à l’attendre. Il lui promet la victoire. Sur l’avenir de l’homme, son regard est de Sauveur. Regard de Père, non de juge.
Dieu regarde avec un regard d’homme, des yeux d’homme…
Il regarde les fleurs des champs comme elles sont belles, et les oiseaux du ciel et la vigne émondée et les couleurs du couchant…
Il regarde le jeune homme riche et il l’aime.
Il regarde le publicain et voit son désir sympathique.
Il regarde le larron sur la croix, son voisin.
Il regarde l’adultère pour la sauver, les juges pour les faire fuir.
Il regarde Pierre avec grande affection et Pierre en pleure.
Il regarde les pharisiens avec colère : hypocrites, sans cœur.
Il ne regarde pas aux « bien mis » , aux consciences nettoyées, il aime voir le pécheur en pécheur, le lépreux en lépreux, l’enfant prodigue déguenillé. Il veut nous voir vrais, bons, ouverts, tels que nous sommes. Quand tu pries, quand tu es tombé, quand tu fais bien, sois vrai!
Il te voit libre, dans ton Tout, en Lui-même.
Sois pieux, ne fais pas profession de piété.
Sois pieuse sans être une personne de piété.
On ne fait pas profession de sainteté. Ne confonds pas foi et profession de foi… religion et pratiques de religion.
Que sont les sacrements ou la liturgie sans Lui?
Que devient la morale sans Lui? Un devoir sec, brutal, bientôt une camisole de force, une voiture de police!!
Il est le seul Sauveur, le seul principe, le seul fondement.
Il est la vie, la voie, la vérité, la résurrection, le pain. Il est le vrai Dieu, le vrai homme.
P.M.
