(Extrait de Seigneur je cherche ton visage, 1972, p.12, 13, 14,15, 17, 21)

Le christianisme est une communion à Quelqu’un, c’est une communion à Dieu, mais pas à un Dieu vague et flou.
Pour vous l’expliquer, je vais vous donner la dernière méditation de Saint Ignace dans ses Exercices. Vous verrez que pour lui la vie doit être une communion avec Dieu.

Premier point : « Je verrai comment Dieu fait tout pour moi. Il m’a donné ma liberté. Il m’a donné ma volonté. Il m’a donné mon intelligence… Il m’a donné mon imagination. Il me donne tout… Alors, je lui offrirai tout… Prenez, Père, et recevez tout cela… »

Deuxième point : « Je verrai comment Dieu habite… je dis bien, comment Dieu « habite » les minéraux, les éléments, leur donnant l’être… comment Il « habite » les végétaux, leur donnant la vie végétative, comme Il « habite » les animaux, leur donnant la vie animale, comment Il « habite » en moi, me donnant l’être comme aux minéraux, la vie végétative comme aux végétaux, la vie animale comme aux animaux, la vie raisonnable… et par un excès d’amour me fait entrer dans le jeu de sa propre vie d’amour et me fait son « enfant ».

En regardant, l’autre jour, des plantes qui poussaient, je me suis rappelé la phrase de saint Thomas : « Le premier livre que Dieu a écrit pour ses enfants, c’est la création ; le second, c’est son Fils. »

Je voyais aussi la lumière, et la lumière disait à la rose du jardin : « Rose!… reçois-moi, je suis la lumière et tu seras lumineuse !… reçois-moi, mange-moi et je te mangerai! nous ne nous détruirons pas ! nous communierons, tu deviendras moi et moi je te prendrai en moi… Tu es plus petite que moi, mais tu seras lumineuse… engendrée par la lumière… mange-moi… bois-moi… demeure en moi… et je demeurerai en toi, moi, la lumière, et tu seras belle… de toutes les belles couleurs qui viendront de ce que je suis en toi… mais communie à moi… »

Peut-être vous demandez-vous maintenant : « Mais comment le reçoit-on? » Demandez au bois comment il reçoit le feu, demandez à la violette et à la rose comment elles reçoivent la lumière… Demandez aux arbres, aux roses du jardin, ce qu’ils font le matin quand vient la lumière ; demandez au charbon ce qu’il fait par rapport au feu? Il le « reçoit« , il en a besoin.

Ne venez jamais trouver Jésus-Christ en discutant, il n’a pas d’examen à vous faire passer ; il vous regarde et vous dit : « Mangez-moi… buvez-moi… venez à moi… mettons-vous à mon école… écoutez-moi… mettez-vous en moi… demeurez en moi… et moi en vous. »

Que veut faire Jésus-Christ? « Père, dit-il, je te demande une seule chose, c’est que tout ce que tu m’as donné (et tout lui a été donné) fasse une seule chose en moi. Comme toi émoi nous sommes une seule chose, qu’eux, toi et moi nous soyons une seule chose ; qu’eux, toi et moi nous soyons consommés en une seule chose. »

Si Jésus-Christ met l’accent sur ce point, c’est que le péché qu’il vient enlever, détruire, ôter de l’humanité, est exactement le contraire de l’union. Le péché, c’est la division, l’isolement, la séparation. L’enfer, qu’est-ce que c’est? C’est la damnation, et se damner, cela veut dire s’isoler, se séparer de tout. Voilà le péché. C’est la destruction de l’homme. Ca n’a pas de sens, ça n’a aucun sens, et Jésus-Christ dira « qu’ils soient un, que tout soit une seule chose ». On dirait qu’il est venu pour souder les êtres humains ensemble. Quand vous voudrez sauver quelqu’un, donnez-lui la main. S’il n’est plus seul, il est sauvé. D’ailleurs vous le faites. Quand vous voyez quelqu’un qui est perdu, qui est tombé, qui a un accident ou autre chose… Immédiatement vous allez le voir.

P.M.