Conversation

Extrait de Conversations et paraboles, 1968

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Quelle est la portée exacte de nos efforts?

Leur portée ne doit poins se mesurer au résultat extérieur seulement… Le fruit de nos efforts est intérieur, avant tout… La plante donne ombre et c’est bien ; elle s’étend en prenant des branches, et ce résultat premier persiste même si personne ne se repose au-dessous de sa feuillée… La vie la plus cachée a son fruit, parfois plus riche que celui des vies répandues au-dehors.

Le mérite ne se mesure pas à la difficulté?

C’est une fausse conception… Il n’est conditionné par l’effort ou la tension… que si l’effort aboutit à un développement. Or, il est des efforts vains et nuisibles, des souffrances qui tuent ou mutilent…
C’est le degré d’amour, le degré d’union à Dieu qui importent… ainsi la vertu, qui est facilité acquise, aisance dans le bien, mérite puisqu’elle maintient et développe en nous l’état de grâce.

En quoi peut consister un acte fort?

Il suffit d’un acte plus conscient, plus affirmatif : adhérence à la volonté de Dieu, Vouloir généreux, acte d’amour désintéressé… Quelque chose qui libère de la routine et de la passivité… Quelque chose qui dilate le coeur pour accroître ses capacités divine. L’acte fort, c’est le point d’appui pour un rebond…

La souffrance peut-elle donc être féconde?

Oui féconde et méritoire donc, cause de progrès. Elle opère, si nous le voulons, l’émondage utile à la croissance.

En quoi la prière contribue-t-elle au progrès?

Elle est respiration spirituelle et comme telle, fonction normale de la vie surnaturelle qu’elle aère, purifie, nourrit et allège pour l’élan en avant.
Elle change l’oppression de notre insuffisance native, en désir humble et aimant pour ce qui nous achève… Pour Dieu qui, appelé, envahit notre nature besogneuse, la dilate de sa chaleur et l’attire en la faisant se dépasser elle-même.
Puisqu’elle rejoint Dieu dans le fond de notre coeur, elle centre notre activité spirituelle au point de convergence de ce que nous avons de plus naturellement et de plus surnaturellement vital : l’intime de nous-même donné à l’intimité de Dieu.
Elle unit ces réalités faites l’une pour l’autre : mon âme creusée et Dieu qui l’a créée et creusée pour qu’elle s’emplisse de lui…

Qu’est-ce que le péché mortel?

L’éloignement volontaire de la famille, la séparation de l’arbre…

Comment est-il puni?

Le pécheur se punit lui-même ; si l’enfant prodigue ne revient pas à la maison, il est perdu, mort à la vie de famille dont il s’est éloigné définitivement. La branche séparée sèche et meurt.

Peut-on obtenir le pardon?

Oui, le Père attend toujours son enfant, il lui vient même au-devant. Le jardinier ne demande qu’à greffer à nouveau la branche…

P.M.

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