Extrait des Miettes spirituelles, 1967
Ta vie mangera-t-elle ta religion ou ta religion mangera-t-elle ta vie? Elles ne peuvent subsister côte à côte… Mais l’une dans l’autre.
Dieu préfère les âmes spontanées comme Pierre et Augustin, aux êtres impeccables. L’amour du Christ est libérateur. L’amour du Père est générateur, l’amour de l’Esprit est constructeur, consolateur… Il a besoin de notre besoin.
Aie confiance en Dieu ton Père… N’aie pas peur de Lui : s’Il s’occupe des oiseaux, Il s’occupe encore mieux de toi… Aie peur du démon et de ta misère. Donne au proche. Reçois avec prudence.
Méfie toi de la peur qui garde en toi et même cultive le goût du mal, que tu ferais s’il n’y avait pas le fouet. T’aimer toi-même ho oui, mais pour cela n’y pense pas. Pense à l’honneur, à la volonté de ton Père et au bien de ton frère.
Accepte ton impuissance à comprendre le tout qui est plus grand que ta raison. Tu regardes vers Dieu, vers la nature. N’essaie pas de les comprendre, de les enfermer en ta pensée… Entre dans le vrai. Entre dans le Règne de l’enfant, comme un enfant, sans prétention.
Ne te sépare pas, ne t’excommunie pas de ce monde. Il est l’oeuvre de ton Père, du Père. Ces fleurs, ces animaux, ces hommes, ces femmes, ces enfants sont voulus par Dieu. Il veille sur eux.
Pour être vrai, il faut être ce qu’on est, simplement dans sa nudité, sans ce beau chapeau, ces beaux souliers, ce pardessus si bien taillé, sans ces décorations, ces insignes trop brodés. Jésus ne portait pas tant d’ornements. Il n’avait aucune décoration.
L’humanité : un ensemble de solitudes qui avancent devant elles en se donnant la main
L’oiseau ne plane pas continuellement au-dessus de la terre ; il se pose parfois. Il vient boire à la rivière avec les serpents et les lions.
N’oublie pas que tu es terrien fait de terre, que la terre est ton pain
Le Ciel est Vie éternelle, non pas repos et farniente sans fin.
Pour mieux Te rejoindre, j’ai fui les responsabilité, les honneurs. J’ai aimé la pauvreté, cultivé la plus stricte chasteté. J’ai vu Ta volonté et tout et T’ai fait grande confiance même lorsque « l’autre » cherchait à me séparer de Toi. Je T’ai prêché jusqu’à l’épuisement. On m’a appelé ton charlatan. J’ai dompté, privé mon pauvre corps ; je l’ai martyrisé… Et voici que je comprends enfin que pour T’aimer, il faut aimer mon proche. « A ceci vous connaîtrez que vous êtes miens, les miens, si vous vous aimez. Au nom de mon amour, aimez-vous les uns les autres. Père, qu’ils soient un! »
P.M.
