Jésus passe la dernière année de sa vie dans un climat d’extrême tension. Tandis que les uns lui vouent une confiance absolue, les autres lui font une opposition si violente qu’elle obtiendra sa mise à mort. Jésus exerce une étrange attirance qui attache à ses pas à la fois ses amis les plus fidèles et ses ennemis les plus acharnées : les uns et les autres le suivent, ensemble, jusqu’à son dernier supplice.
Or, rien dans ce que Jésus de Nazareth a FAIT n’explique le déchaînement de passions contradictoires que soulève sa présence.
Charpentier de village durant la majeure partie de son existence, Jésus n’a pas, que l’on sache, révolutionné l’art de sa profession : on ne lui attribue aucune innovation particulière en ce domaine.
Lorsqu’après 30 ans d’anonymat, il connaît une soudaine notoriété, celle-ci est due, bien sûr, à son enseignement et à ses miracles. Mais il convient de remarquer à quel point, sur ce plan, Jésus limite son action : il refuse à mettre à profit son autorité et son prestige pour amorcer la moindre réforme sociale ou politique, alors même que cela lui est proposé.
Jésus n’entreprend même pas de réforme religieuse. Observateur loyal des pratiques essentielles de la Loi, il se contente, comme tout juif moyen, de fréquenter la synagogue chaque sabbat et de monter au Temple pour les principales fêtes annuelles.
S’il prend position à l’encontre du légalisme humain et hypocrite de certains, il ne remet pas en cause l’institution et le cadre religieux proprement dits. Et s’il prédit à ses disciples qu’il leur arrivera d’être chassés de la synagogue, il ne leur donne jamais comme consigne de s’en excommunier d’eux-mêmes.
*
Pourquoi ce Jésus de Nazareth, qui n’a entrepris aucune action subversive ou réformatrice, ni professionnelle, ni sociale, ni politique, ni religieuse, est-il signe d’une telle contradiction et cause de telles passions ?
Pourquoi suscite-t-il tant d’amour chez les uns et tant de haine chez les autres?
Pareille question n’a pas cessé depuis vingt siècle de rester d’une brûlante actualité. La personnalité de Jésus est encore et toujours signe de contradiction.
La réponse est théoriquement simple : Jésus apporte une NOUVEAUTE révolutionnaire dans le domaine fondamental de LA RAISON DE VIVRE. Une nouveauté qu’il exprime sans avoir nul besoin de recouvrir à des moyens extérieurs d’envergure : car il EST cette révolutionnaire nouveauté !
*
Un jour, les juifs découvrent parmi eux, avec stupeur, cet homme qui affirme qu’il est DIRECTEMENT et INTEGRALEMENT motivé par Dieu.
Je ne fais rien de moi-même, mais je dis cela même que le père m’a enseigné.
Car, de Dieu, Jésus dit : MON PERE. QUI ME VOIT, VOIT LE PERE. LE PERE ET MOI, NOUS SOMMES UN.
Une affirmation aussi catégorique appelle nécessairement une réaction non moins catégorique : on l’accepte ou on la rejette.
C’est là que le problème de Jésus est UNIQUE. Quel que soit notre choix, adhésion ou refus, on ne sort pas indemne de sa confrontation avec Jésus.
Le refus comme l’adhésion engagent en profondeur.
P.M.
