Témoignage de Mgr Elchinger, 23 mai 1995

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Un précurseur et témoin de l’unique sauveur

Notre époque devient de plus en plus imperméable aux influences spirituelles. La préparation de l’avenir se réduit à des projets et à des calculs purement économiques. On oublie que la crise actuelle de la société est également une crise morale et spirituelle. Les structures sociales et économiques sont malades, parce que les ressorts intérieurs de l’homme sont en mauvais état. Ce sont eux qui sont d’abord à réparer et à réorienter.

En ces temps difficiles, menaçants pour l’avenir du bon sens et de l’énergie morale, il importe de restructurer les esprits et les consciences. Cela se fera moins par de grandes déclarations moralisatrices que par des témoignages ponctuels, des attitudes encourageantes, des gestes fraternels très concrets, derrière lesquels on devine de fortes convictions. Plus que jamais l’homme éprouve un immense besoin d’amour, et ce qu’il attend de l’Église et de ses représentants, c’est de se sentir aimé. De fait, Jésus Christ n’a jamais voulu faire de l’Église une collection de dogmes ou de barrières, mais un immense espace d’amour.

Tel est le témoignage, l’invitation permanente que nous adresse le Père Monier, qui m’a aidé à préparer et à vivre le Concile.

La méthode du Père Monier

Sa méthode consistait à ne pas en avoir. Très direct, allant toujours à l’essentiel, le Père Monier passait son temps à communiquer de la vie, de la lumière et du feu. Toujours positif, authentique et réaliste, il ne se perdait pas dans des à côtés et n’aimait pas regarder en arrière. Car il ne faut pas perdre son temps avec ce qui est mort. Il n’endoctrinait pas. Il ouvrait les esprits et les coeurs à ce qui nous dépasse. « Évangéliser », c’est ouvrir à Dieu.

Témoin et relais de Jésus-Christ

Le Père Monier a construit sa vie sur Jésus Christ, sur son Message et sur sa présence permanente. Il pensait que l’indifférence religieuse de notre temps provenait, en partie au moins, de ce que les éducateurs ont réussi à rendre Jésus Christ inintéressant et même insignifiant aux yeux de nos contemporains. Alors le Christ a disparu de nos horizons. […] La foi n’est pas un catalogue de théories religieuses. Croire c’est  consentir à quelqu’un : à l’événement et à la personne de Jésus Christ.

Précurseur et missionnaire du Concile

Le Père Monier a préparé beaucoup d’hommes au Concile. Il s’est tellement réjoui de l’élan que Vatican II a voulu donner à l’Église. Il aimait dire que nous avons été formés, en partie, par des idées fausses et qu’il fallait les dépasser. En nous aidant à vivre avec Jésus Christ, le Père Monier a été un libérateur. Il nous a libérés de beaucoup de conceptions étriquées et désenchantées. […] Sans cesse le Père Monier nous a montré comment l’objectif de Jésus Christ est et reste le « Royaume », c’est-à-dire « la communion fraternelle et universelle des hommes dans la joie et l’amour évangélique ».

Auprès du Père Monier j’ai compris que tant que l’homme n’a pas sa dose d’amour, il est insatisfait et n’existe pas. Nous valons ce que vaut notre cœur. Et l’amour ne consiste pas à prendre mais à donner, à se donner.

Un témoin, tel que la Père Monier, reste profondément actuel. Ces pages nous montrent que, non seulement nous appartenons à Dieu, mais que Dieu lui-même nous appartient.

 

L.A. Elchinger, 23 mai 1995

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Avatar de Elisabeth Boudaoud Elisabeth Boudaoud dit :

    Tout particulièrement merci pour ces paroles de Mgr Elchinger. Comme elles sont importantes pour aujourd’hui !

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